Direction la Russie

Le lendemain matin, nous attaquons la centaine de kilomètres qui nous séparaient de la frontière. Déjà la veille, nous avions remonté sur des kilomètres une file de camions arrêtés sur le bas côté quand ce n’était pas sur la route. Dans la matinée, cela a recommencé. Nous avons compris pourquoi plus loin quand nous avons attaqué la montée sur le col situé à 2395m. La route étroite, défoncée, entre deux murs de neige de 1.5 m ne permettait que difficilement les croisements de deux camions. La circulation était donc alternée mais sur plusieurs heures. Les paysages étaient sublimes. Le grand Caucase est magnifique mais quel stress à la descente. Il y a plusieurs tunnels en ogive, dont on ignore la longueur, sans lumière, sans aération et où pour le coup le croisement était impossible à cause de la hauteur sur les côtés. Pas de feux de signalisation, donc l’entrée dans le tunnel se faisait après observation de la circulation dans les lacets suivants. Cela tenait de la roulette russe. On a respiré bien fort quand la série de tunnel s’est interrompue.

On a continué à rouler et on a réussi à s’approcher de la frontière en suivant la file « voiture » comme pour chaque frontière passée jusqu’alors. Arrivés à une vingtaine de mètres des barrières, un soldat nous arrête et nous fait signe de faire demi tour et de prendre la file des camions. On sort, ouvre la cellule pour lui montrer qu’on est camping-car et lui montrant qu’on ne comprenait rien de ce qu’il nous disait, on attend. En désespoir de cause, il nous laisse passer mais son collègue un peu plus loin, nous fait parquer avec les camions. Pas grave, il n’en restait que deux devant ! Arrive notre tour de passer. Un douanier nous fait signe de descendre tous les deux et nous envoie à un guichet. Jusque là, tout va bien. C’était sans compter avec le logiciel de reconnaissance employé par la douane. Jeff a fait son passeport en 2012, avec une photo qui avait peut-être deux ou trois ans d’ancienneté. Sur la photo, il a les cheveux courts, le bouc bien taillé. Là, il s’est présenté avec son catogan, une barbe hirsute et quelques années de plus. Pas de corrélation donc … problème. La douanière a essayé plusieurs fois de faire passer son passeport, a appelé un premier collègue, un deuxième, un troisième … Pour finir, un monsieur en civil, parlant assez bien anglais, nous a invité à le suivre dans les bureaux. Et là, après pas mal d’attente dans une petite salle sans fenêtre, qui puait la transpiration, Jeff est appelé pour un interrogatoire assez invasif mais sur un ton très courtois. Après, ce fut mon tour. Après encore une attente, il nous a accompagné de nouveau au guichet et nous avons eu nos passeports. Bon, ça, c’est fait. La fouille de Bidouille a été succincte, mais il restait les formulaires d’importation temporaire du camion … Et un bel embouteillage de camions dans tous les sens qui nous coinçaient pour quitter enfin la zone après plus de quatre heures. Pour la prochaine frontière, Jeff devra se raser …

Avec tout cela, nous sommes arrivés bien plus tard que prévu à Vladikavkaz, mais nous avons réussi à trouver un distributeur de roubles et, avec l’aide d’un policier, les cartes sim pour les téléphones. Et oui, sans internet, on est un peu perdu …

Arrivé en Russie, il faut se faire enregistrer auprès du service de l’immigration, soit dans ses bureaux, soit dans un hôtel. On a donc pris une chambre d’hôtel mais la réceptionniste n’avait aucune idée de ce qu’elle devait faire et n’avait pas trop l’intention de chercher. On a insisté lourdement et une collègue est venue à sa rescousse. On nous a fourni un formulaire qui tient plus de la note d’hôtel qu’autre chose mais on s’en contentera. On a quand même essayé de trouver le bureau en question mais l’adresse récupérée sur internet nous a menée dans une cité bien sordide alors, on va laisser tomber.

Personne ne parle anglais dans le coin. La frontière a été fermée pendant des années donc il n’y a pas de culture touristique. Ce midi, nous avons mangé dans un restaurant assez important, au centre ville. Le serveur a appelé une amie russe installée à … Toulouse pour servir d’interprète !!!

Les russes comme les géorgiens sont d’un abord assez froid, mais quand vous demandez de l’aide, ils font tout leur possible pour vous aider. Le traducteur français-russe que j’ai installé sur le téléphone ne fonctionne que pour nous car pour nous répondre, il n’y a pas de clavier en cyrillique… Donc ils peuvent nous comprendre mais nous on doit deviner les réponses…

Ananuri en Géorgie

Après nous être baladés à Lagodekhi, à l’extrême est de la Géorgie, nous prenons la direction de la frontière russe. On s’est arrêté à Ananuri, une ancienne place forte dont il ne reste que quelques fortifications et une vieille église très belle. Plusieurs cars de touristes étaient arrêtés là et un petit marché avec des produits locaux et les babioles souvenirs se tenait dans des stands de fortune.

Nous avons passé la nuit à côté de ce qui aurait dû être une belle rivière mais il ne subsistait qu’un pauvre filet d’eau au milieu d’un champ de galets.

confiserie géorgienne

En plus d’essayer les pains, bières, vins et plats divers, j’ai testé cette sucrerie. Des noix enfilées sur une cordelette et trempées dans un sirop de sucre et jus de raisin. C’est bon, si on aime les noix. Jeff n’est pas fan. J’ai été contrainte de tout finir !!! 😉

Off road party !

Dommage, le film est surexposé. Cela aplatit les reliefs ! En voulant suivre le tracé proposé par l’application Pocket Earth, nous avons joué souvent à pile ou face quelle piste suivre. Sur une bonne partie du tracé, les pistes n’existaient plus…. Alors, on y est allé au feeling, en regrettant tout de même de ne pas avoir refait le plein 🙂 Mais tout s’est bien passé et je suis très fière de mon chauffeur 😉

Sur la route pour Signagi

La route jusqu’à Udabno ayant été très mal pavée et notre GPS nous proposant un chemin plus court pour l’étape suivante, nous nous engageons sur une petite route qui très vite c’est transformée en piste. De la piste au chemin, du chemin aux ornières….. On a mis 2h pour faire 40kms, mais on n’a pas repris la route mal pavée, la nôtre était….pire…. Ce fut les débuts prometteurs de mon chauffeur en vrai 4×4. Ayant peur en voiture, vous imaginez comme j’étais crispée à côté !!!

Mais les paysages traversés et cette impression d’infinité et de solitude valaient bien les peurs et les secousses.

Trop occupée à m’accrocher et tenir Evi, je n’ai pas pris de photos. Je vais essayer de charger un film de la dashcam.

Monastère David Garedja

Situé à cheval sur la frontière avec l’Azerbaïdjan , le monastère est très étendu car il compte des grottes sur plusieurs kilomètres à la ronde. Il y a eu jusqu’à 6000 moines ascètes. Ce qui reste du monastère après le passage des cavaliers du shah en 1615 et les soviétiques ne donne qu’une idée de ce que le site a été.

Il est très peu aménagé pour la visite et après l’hiver, les pluies ont lissés les chemins de chèvre qui permettent de monter. C’est un vrai casse-gueule….

La route SH 172

Nous avons quitté le lac de Tbilissi pour nous rendre au monastère de David Garedja, près d’Udabno, à la frontière de l’Arménie. Le GPS nous a fait passer par une route qui a connu des jours meilleurs. Les plaques de goudron restantes formaient plus des obstacles que des aides. Sur une piste de ce genre, on est heureux d’avoir un 4×4…. Mais si la route était pénible, nous étions récompensés par les paysages.

Tbilissi

Ce fut une excellente surprise.

Je ne sais pourquoi, j’avais des aprioris envers cette ville. En déambulant dans les rues (en pente et pleine d’escaliers) de la vieille ville, nous nous sommes sentis « en vacances » pour la première fois du voyage. Il faut dire que la ville nous a accueillis avec un soleil resplendissant. L’air était très froid mais à monter tous ces escaliers, on se réchauffe vite !

Tbilissi est une ville pleine d’églises de toutes obédiences mais essentiellement orthodoxes. Mais, contrairement aux mosquées, elles se taisent ! Grasse mat’ assurée !

La ville est un mélange assez surprenant de très ancien et de très moderne. On a parfois l’impression que le temps s’est arrêté pendant un demi siècle et que le pays a sauté dans le 21ème siècle à pieds joints.

Il fait bon flâner dans ce vieux quartier. Certaines maisons tiennent avec l’aide du St Esprit sans doute….

Les géorgiens sont extrêmement réservés mais cordiaux quand on s’adresse à eux. L’anglais est peu parlé et le français quasiment jamais.

Voici en vrac quelques photos